ECTI accompagne les jeunes du SNU

Connaissez-vous Georgina? Une jolie brunette qui, du haut de ses 16 ans, a quitté sa ville de Marseille pour venir à Amiens. Elle y effectue son séjour de cohésion, la première phase du Service National Universel. ECTI Picardie l’accompagne.

Ecoutez son histoire avec son accent chantant.

 

Les 3 jours, la feuille de route, l’incorporation, puis l’aventure

Lors des réunions familiales, mon père, mes oncles ou mes cousins, à la fin du repas, partagent souvent des histoires de ‘bidasse’. Une aventure de plusieurs mois que chacun garde en souvenir comme un évènement majeur qui les a marqués.

J’écoute avec attention toutes ces anecdotes. J’ai du mal à comprendre et à imaginer leur vie durant cette période. Dans ces discussions, à part le sport et la musique au foyer de la caserne, nulletrace de la justice sociale et de l’environnement. Ce sont pour moi des sujets importants, qui me tiennent à coeur et que je partage avec mes amis lors de longues discussions.

D’un naturel curieux, je lance une recherche sur Google. Je vois Patrie, République, des termes qui me semblent lointains et qui ont fondé le service militaire. Mais que sont les obligations militaires? Pourquoi elles restent si présentes dans les conversations familiales?

 

Les origines du service militaire

Je note qu’être appelé « sous les drapeaux » était, pour l’Etat Français, en temps de paix, de maintenir une force militaire. La conscription ou service militaireobligatoire pour les jeunes hommes français âgés de 20 à 25 ans est légiférée en 1798. Elle se veut véritablement égalitaire en supprimant les dispenses mais reste très masculine.

Mon père raconte que pendant plusieurs années, les ‘bidasses’ ont d’abord connu les 3 jours. Quelques temps après, les affectations. Et, sur place, le coiffeur, les travaux d’intérêt général (TIG), l’ordinaire ou le mess, le clairon, le rapport.

La routine s’installe avec les marches en ordre serré, le maniement des armes, les permanences et pour certains le trou.

Des contingents d’appelés viennent ainsi renforcer la population des officiers, des sous officiers, des sergents ou des maréchaux des logis. Leur mission?Faire tourner et entretenir les équipements ou jouer à la guerre lors des manoeuvres.

La récompense: la ‘perm’ de 48 ou 72 heures pour rentrer chez soi souvent par train de nuit. Cette période est egalement pleine de bons moments de camaraderie, de vivre ensemble et de solidarité. Un peu comme nous aujourd’hui!

 

De 1996 à 2017: 20 ans de transition

Je remonte l’histoire quelques années avant ma naissance. C’est en 1996, dans un contexte de restriction budgétaire et de changement stratégique, que Jacques Chirac décide de la professionnalisation des armées.

Le service national, âgé de 200 ans et tant raconté dans ma famille, prend sa retraite.

Je vois qu’il est remplacé en 2001 par un « parcours citoyen » pour les jeunes à partir de leur seizième anniversaire. A noter qu’il s’ouvre également – enfin – aux jeunes filles. La nouvelle formule est désormais un service volontaire pour une durée variant de un à cinq ans.

Puis est apparue la Journée dAppel de Préparation à la Défense (JAPD), renommée depuis Journée Défense et Citoyenneté (JDC). C’est une journée bien remplie qui m’a permis de comprendre les enjeux et les objectifs généraux de la défense nationale, ainsi que les différentes formes d’engagement.

Ont été abordés des sujets utiles sur le civisme, l’égalité entre les femmes et les hommes,contre les préjugés sexistes,les violences physiques, psychologiques ou sexuelles commises au sein du couple. On en a bien besoin!

J’ai pu ainsi obtenir un certificat, qui me permettra de passer des examens comme le permis de conduire ou des concours et entrer pleinement dans la vie civique du pays.

C’est en 2017 qu’est apparu le Service National Universel, d’une durée d’un mois. Un moyen de vivre enfin les émotions des hommes de ma famille?

 

Le Service National Universel

Voyons un peu comment l’aborder.

Les objectifs du Service National Universel (SNU), selon le ministère des armées : transmettre un socle républicain, renforcer la cohésion nationale, développer une culture de lengagement et accompagner linsertion sociale et professionnelle.

Un an plus tard, le même ministère le présente comme un projet de société, sadressant à tous les jeunes de 15 à 17 ans et visant une meilleure insertion et un engagement de la jeunesse.

Les jeunes de 13 à 17 ans recevront un enseignement spécialisé portant sur la défense lors de « Classes de Défense et Sécurité Globale ».

Sensuivront deux périodes de 15 jours après la classe de 3e.

  • La première, appelée séjour de cohésion, regroupera des jeunes dans un autre département géographique, brassera les origines sociales et les imprègnera des principes républicains autour de deux axes:
    • La Journée Défense et Mémoire nationale (JDM),
    • La formation orientée citoyenneté pendant laquelle on parlera de sujets sociaux, écologiques ou politiques. En effet, le développement durable, la citoyenneté européenne, ou encore le patrimoine sont des thèmes importants pour nous, les jeunes.
  • La deuxième, appelée Mission d’Intérêt Général (MIG), consistera à accomplir une tâche utile à la collectivité. Cest le jeune qui choisira ce quil veut faire. Cela sera donc un volontariat, quil soit civique ou sous uniforme. Les deux périodes composeront, à proprement dit, le SNU. A lissue du SNU, un engagement volontaire de la part des jeunes sera possible, que ce soit civique ou militaire.

Voila qui m’intéresse. J’ai ainsi le choix de pouvoir participer à des périodes de formation militaire sur la base du volontariat, une manière d’intégrer par la suite les forces armées, de police ou de sécurité civile, dans lactive ou la réserve.

 

Ça y est, je me lance dans l‘aventure

Sept jours. Déjà 7 jours que j’ai quitté ma ville de Marseille, son soleil, sa joie de vivre, mes amis pour suivre à Amiens le séjour de cohésion, première phase du Service National Universel.

Le voyage m’a fait penser à « bienvenue chez les ch’tis ». J’imagine alors la pluie, le brouillard, le froid et une langue que je ne comprendrai pas.

Arrivée à Amiens, je constate que ce n’est pas le Bergues du cinéma. Ouf!

Il y a une très belle cathédrale d’un style très différent de notre Bonne Mère. Un peu plus loin, il y a les hortillonnages, la Camargue du Nord? Et enfin, il y a Saint Leu, sa vie nocturne, ses bistrots, ses restaurants. La ficelle picarde remplace la bouillabaisse…

Je ne vois pas le temps passer. Les activités sont nombreuses et les nouveaux copains et copines de partout nous donnent l’impression d’un voyage hors du temps, en un lieu retiré, inconnu, loin de ma vie habituelle… En plus, je découvre l’autonomie.

Toutes ces choses dont on nous parle sont bien celles auxquelles je m’attendais en m’inscrivant au Service National Universel.

Le forum de l’engagement

Hier s’est déroulé un moment clef dans le parcours : celui du Forum de l’engagement. De nombreuses associations ont témoigné de leurs activités bénévoles dans des domaines très variés: social, santé, sportif, humanitaire…

C’était d’autant plus intéressant qu’en tant qu’engagé au SNU nous devons effectuer, dans l’année qui suit le séjour, une mission d’intérêt général. Et tous ces témoignages nous aident à comprendre ce qu’agir pour le bien public et se mettre au service de la population veut dire..

Une association en particulier nous en a parlé : « ECTI« .

Ils étaient 4 personnes d’ECTI Picardie et nous ont expliqué pourquoi cette mission est importante.

Je n’imaginais pas qu’elle pouvait tant nous apporter personnellement. Moi qui ne la voyais que comme une obligation !

Le SNU: une perspective d’avenir

Ils ont raison : c’est une véritable ouverture sur le monde, nous allons sortir de la vie scolaire, connaître de nouveaux environnements, rencontrer des tas de gens, découvrir de nouveaux repères, prendre confiance en nous en nous rendant utiles…

Cet enrichissement de notre expérience va nous servir toute notre vie !

Puis les volontaires d’ECTI nous ont montré comment s’y prendre pour trouver une mission, les domaines sont tellement vastes !

On peut même en inventer une pour peu qu’une structure soit intéressée !

Cela nous a vraiment aidés car j’avoue que cette perspective était plus que floue dans nos esprits.

Motivée à fond, il me tarde maintenant de rentrer, de me mettre à chercher une mission.et partager mon expérience lors d’une réunion familiale avec mon père, mes oncles ou mes cousins.

A la fin du repas, je pourrais aussi partager mes histoires de bidasse!

 

Sylvain Bulthé et Eric Gateau